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Wilhelm Von Goldmund

Aristocratie du Vide & Sciences Exactes de l'Echec

La Mécanique du Malheur

La Mécanique du Malheur

Lire sur tes lèvres la diffusion de mon être. Le refus de la dissolution dans le mainstream barbant. Quête de ton trésor interne, sous la graisse et les pores… même et surtout en sachant que rien n’existe ici-bas.

Je lis en toi tant de mièvreries resucées de contes perdus que je fracasse mon fronton sur tes trop rares aspérités. Je mange en toi tant d’avanies létales, flétries… Je sais de toi la Perte, l’Abandon, la déchirure intégrée, qui prolifèrent dans l’anémie caractérisée du système.

La visée des tranchées de ton cœur s’arrête au bord de ta monture. Quand tu ne seras plus que « grassette » sans autre but que celui d’oublier, j’irai te cueillir du mouron dans les champs de poix de mon histoire. Mets donc ton peignoir ! Ne te lave plus tant tes volcans sont écornés !

Deux seins protozoaires, un renom de mitraillette, des escarres dignes des camps de la mort, deux trouées tristes à crever. Un attribut salin échappé d’une porcherie toute proche. Un vaste dos à couvrir, une péninsule sous insuline. Toi, la mie aux bordures déchirées, ton flux est un essai de jonction avec ta perte de virginité incestueuse. Et tueuse elle l’est assurément, tant te deviner confine à la démence profilée et profiteuse. J’aimerais tant embrasser VRAIMENT ton spectre…

Des jouets décolorés parsèment les amas de cendres des déités. Rien n’est plus comme avant. Je ne suis plus que projection mensongère de la fièvre qui m’estourbit.

Après une nuit dans le caveau de mes déjections, je suis à même de m’auto-promulguer coupable. Infâme profiterole, tu joues de ta folie comme on joue au cerceau. Je me dénigre de toi. Peu à peu j’entrevois l’orée formelle de ta boisson en mes jardins d’exclusion.

Découvrir le pauvre monde ne m’intéresse plus, si c’est pour entendre partout les mêmes gémissements, les mêmes plaintes étranglées, les mêmes refus, les mêmes sentences : la Terre réduite à l’état de pixel sur la nappe immonde des écoles du vice…

Tu étais là. Tu me regardais. Et moi je ne voyais que le blanc de tes yeux, tes cheveux d’ambre… et ta soie rouge. J’ai pris ta douleur et nous avons échangé nos peines. Je t’ai écoutée. Tu étais douce comme une rosée trop lointaine, comme l’ozone défroqué, comme l’iode azurée le long de ta couronne. Tant de complicité revigorante. Tant de choses comprises sans mots dire.

Tu es restée petite. Tu m’écoutais et ce que je pouvais dire était si fiable, que je me disais que nos retrouvailles m’avaient littéralement transformé. Puis j’ai émergé du sommeil caustique. Et j’ai réalisé la vérité. Tu es MORTE. Rien ne retrouvera pareille teneur. Ton oreille indexée à mon index et tes caresses sur mon cou poignardé. La fadeur du silence. La plaie d’être seul en soi. Voilà tout ce dont je suis capable : m’inventer des souvenirs pour mieux me faire du mal. Démesure inouïe de ma stupidité. Presque trop de mélasse à compulser. Je tiens du brouillard et du marécage. Je perds le contrôle tant je ne suis plus qu’abstrait.

Mes chantiers crèveront avec moi, et non, il n’y aura pas de miettes pour les pigeons. Je ne sers plus. Les piles déchargées vont au pilon. Les hommes qui déchargent poussent des cris furibonds. Tâtonnant la matrice, ils s’en vont par groupes de mille étoiler des girons, éclipses d’êtres. Ils ne feront de bon repas qu’une fois entretués. Je n’ai plus le cœur à la farandole. Je n’ai plus le cœur à résister. A se demander si j’ai eu un cœur un jour. Ah mais… oui ! C’est lui qui ponctionne ma poitrine. C’est lui que tu incarnais dans ce songe doucereux et empoisonné. Alors… mon cœur est bel et bien… définitivement… MORT !?!

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